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La guerre

Dans la plupart des sociétés océaniennes, la guerre avait une place importante. Elle se déroulait dans un contexte politico-religieux et était une constante de la vie sociale. Il est difficile de tracer une limite entre trois activités qu'étaient les jeux, les sports et la guerre. En effet, les populations avaient développé un art de la guerre qui était l'aboutissement des habitudes de jeux, de combats simulés et d'entraînement sportif dès l'enfance. On relève des guerres inter-territoriales ou inter-tribales qui vont de la simple escarmouche à l'affrontement massif. Devant la multiplication des pouvoirs dans les îles et la faible dimension des royaumes, la guerre relevait plus de querelles de prestige et de rang que de causes économiques. C'était un moyen de régler les conflits de statuts entre chefs et de limiter l'ambition de certains, dangereuse pour l'équilibre général. La guerre représentait un moyen institutionnel de vengeance où l'ambition des chefs tribaux s'exerçait. La décision de la guerre était entre les mains du personnel politico-religieux, des oracles notamment qui jouaient un rôle important.

Les combats avaient lieu sur terre ou sur mer. Sur terre, ils pouvaient être de simples raids ou de véritables affrontements entre armées en présence de prêtres et de tacticiens. Sur mer, on se battait dans les lagons à bord de pirogues de guerre avec des armes analogues à celles utilisées sur terre. La guerre maritime donnait lieu à des tactiques ritualisées complexes.

 

1. - Les armes*

Le métal étant inconnu, les armes de bois, de pierre ou d'os étaient de type très divers : massues, sagaies, fouets de queue de raie etc... Elles peuvent se classer en deux groupes, les armes de jet et les armes de frappe. Etudions-en quelques-unes présentées dans l'exposition.

Casse-tête des Fidji Le Casse-tête des îles Fidji est une arme de jet. Il est constitué d'une masse hérissée de piquants et se termine par une pointe.Il est incrusté d'ivoire. On l'utilisait pour transpercer le crâne de l'adversaire. Ce casse-tête representé dans l'Atlas du premier voyage de Dumont d'Urville fait apparaître que la partie percutante se terminait à l'origine par une pointe effilée sculptée dans l'ivoire, aujourd'hui disparue. Cette massue de jet était lancée à distance mais était également utilisée dans le combat rapproché. En effet, le corps à corps était un moyen de manifester le courage individuel. Les flèches étaient plutôt utilisées pour la chasse ou les jeux.

Le Casse-tête - u' u - des îles Marquises fait partie des objets les plus connus et les plus recherchés par les collectionneurs. Sculpté dans du bois dur et noirci, c'était une arme redoutable dans les combats de corps à corps. Les angles latéraux donnant les coups, le reste servant de masse. Cet objet est devenu un emblème de prestige pour les chefs et les guerriers. Le décor anthropomorphe en fait une oeuvre d'art originale. De petites têtes en relief la décorent ainsi que les yeux de tiki. Cette remarquable massue témoigne du talent des sculpteurs marquisiens mis au service des guerriers. Les u' u étaient des armes terrestres. Les massues étaient aussi taillées dans le bois. Ces objets très lourds donnent une idée de la taille et de la force des anciens guerriers. Les protections et les boucliers étaient rares. On les trouvait surtout en Nouvelle-Guinée et en Mélanésie.

Armure de Kiribati

L'armure des îles Kiribati est une tenue de combat qui peut faire songer à celles de la chevalerie européenne ou japonaise. Dans ces îles, la moindre peccadille donnait lieu à des affrontements entre clans. Les guerriers s'engageaient dans un duel au cours duquel ils se lançaient des projectiles, se battaient à l'aide de lances, allant jusqu'à se transpercer. En dépit de la pauvreté des ressources disponibles dans ces îles, cette tenue a été produite à partir de fibres extraites de la coque de jeunes noix de coco vertes. Seules les longues fibres étaient gardées pour ensuite les laisser rouir pendant des mois dans de la vase, sous l'eau de mer. Celles-ci étaient ensuite nettoyées, roulées ensemble de manière à en faire de solides ficelles puis tressées. Ces couches épaisses et serrées formaient une cuirasse vaguement comparable aux fibres des gilets pare-balles. Cette tenue peu souple était portée par dessus une tenue de combat épaisse constituée d'une veste et d'un pantalon. Il est important de noter que cette armure ne cadre pas avec l'image que nous avons des cultures océaniennes, qui, à l'origine ignoraient totalement le principe de la veste et du pantalon.

Le combat était en grande partie ritualisé autour des principaux guerriers accompagnés chacun de deux seconds. Des femmes et des enfants, placés à l'arrière étaient aussi charges de lancer des pierres. Ainsi, de mauvaises langues ont prétendu que l'armure protégeait l'arrière de la tête afin de protéger le guerrier de ses propres compagnons maladroits. Des chants guerriers stimulaient les combattants. Cette tenue ne se rencontre pratiquement que dans cette région en Océanie.

 

2. - Les chefs et leurs instruments**

Dans ces sociétés stratifiées, les chefs avaient droit à des parures particulières pour signifier leur rang social. En effet, des emblèmes de prestige leur étaient réservés comme les éventails. Ce bien précieux était transmis dans les familles de génération en génération. Les artistes de Tahuata étaient particulièrement réputés pour leur habileté dans la confection d'éventails. La partie en vannerie, de forme semi-elliptique était tressée avec les nervures des feuilles de cocotier. L'éventail était d'un usage très répandu dans toutes les îles du Pacifique. Il a toujours été un objet d'art à part entière et les membres de la noblesse régnante se distinguaient par leurs éventails aux superbes manches sculptés.

Les chasse-mouches sont des objets traditionnels largement utilisés en Polynésie centrale et occidentale, Chasse_mouchesà l'exception de la Nouvelle-Zélande. Ils sont moins des objets fonctionnels destinés à chasser les insectes que des symboles d'autorité.

Dans la société hawaïenne traditionnelle, les capes et les manteaux en plumes étaient réservés à l'usage exclusif des chefs de statut élevé. Vêtements uniquement cérémoniels, les 'ahu'ula n'étaient portés que lors d'événements officiels. En dépit de l'usage très répandu des plumes en Polynésie, l'utilisation des manteaux et des capes en plumes comme marques de rang ne s'est développé qu'à Hawaï et en Nouvelle-Zélande, où les manteaux les plus prisés sont faits en plumes de perroquets rouges. Les plumes rouges avaient une valeur symbolique et sacrée dans toute la Polynésie, elles symbolisaient le pouvoir. A Hawaï, peut-être en raison de leur relative rareté, les plumes jaunes prennent l'avantage à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, le jaune devient la couleur dominante des capes et manteaux les plus prestigieux.

Hache ostensoir La hache-ostensoir était également une hache cérémonielle. Elle tire son nom français de sa ressemblance avec l'ostensoir du culte catholique. Cet instrument, réservé aux chefs Kanak de Nouvelle-Calédonie a un caractère de parade, c'est en fait un casse-tête cérémoniel. Elle est faite de trois parties reliées entre elles par des fibres végétales. Une demie noix de coco entourée de fibres forme la base; la partie centrale est un bâton de bois recouvert de tissu et le sommet est en serpentine, une sorte de jade. Cette pierre taillée en ovale est affûtée et longuement polie.Elle est percée de deux trous qui servent à la fixer sur la manche de la hache. Le scupteur a porté un grand soin à la décoration de l'objet. Des fibres de couleurs différentes se croisent et dessinent des losanges qui se répartissent sur toute la longueur du manche formant un décor géométrique régulier et original. Les liens qui servent à tenir les différentes parties entre elles se terminent par des franges ornées de coquillages. Dans la main du chef de la tribu, elles jouent le rôle de grelots et rythment les paroles du discours, lors de cérémonies. Tous les éléments qui constituent la hache revêtent un caractère symbolique et magique. Symbole de sa force et de sa souveraineté, la hache illustre aussi l'origine du chef de la tribu, celui qui réunit sous son autorité toute la société. Lorsque le chef tient dans sa main le sceptre de cérémonie, tous les membres de sa tribu reconnaissent sa force et sa puissance.

Le combat était en grande partie ritualisé autour des principaux guerriers accompagnés chacun de deux seconds. Des femmes et des enfants, placés à l'arrière étaient aussi charges de lancer des pierres. Ainsi, de mauvaises langues ont prétendu que l'armure protégeait l'arrière de la tête afin de protéger le guerrier de ses propres compagnons maladroits. Des chants guerriers stimulaient les combattants. Cette tenue ne se rencontre pratiquement que dans cette région en Océanie.


* Gerd Koch
Les cuirasses et la ritualisation de la guerre aux îles Kiribati. pp 203-206

** Anne Lavondes
L'Art de la guerre dans les îles Marquises. pp 139-142

Le vêtement et la parure Index La religion et le culte des ancêtres
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