Conversations amoureuses. L'art d'être galant depuis le XVIIe siècle.
Le musée d’Art et d’Archéologie et le musée de la Vénerie proposent une nouvelle exposition diptyque autour du thème de la galanterie : « Conversations amoureuses. L’art d’être galant depuis le XVIIe siècle ».
Si la Fête galante est entrée dans l’histoire de l’art à la faveur du Pèlerinage à Cythère d’Antoine Watteau proposé à l’Académie de Peinture et de Sculpture en 1717, la galanterie faisait déjà couler encre et peinture depuis plusieurs décennies.
Madame de Scudéry, Pellisson, David Téniers, ou même Molière et Racine, grâce aux "festes galantes" données par Louis XIV à Versailles, sont autant de personnalités qui ont participé à la propagation de ce « je ne sais quoi » caractéristique des belles manières de l’aristocratie française. Tant et si bien qu’aujourd’hui encore, la galanterie est perçue comme une exception française, une politesse particulière qui flatte la gent féminine dans l’espoir de s’attirer ses bonnes grâces. Pourtant, elle n’a cessé de prêter à sourires et débats.
La galanterie relève de nombreux sujets. Loin de s’intéresser à l’amour – tout du moins, à ses débuts – elle se rapporte au civisme et aux mœurs, ainsi qu’à l’éducation des femmes. Être galant, c’est être un homme d’honneur, doté d’un esprit vif, d’une passion des lettres et des jeux, d’un sens inné de la vêture… Mais point trop. La galanterie exige en effet des hommes de jouer entre l’humilité et l’impertinence. Les femmes sont les seules juges en matière de galanterie : ce sont elles qui attribuent, ou non, le vocable aux hommes qui voudraient le revendiquer. Quant à elles, elles se doivent d’être des exemples de vertu. Le galant homme peut toutefois rapidement muer en homme galant, précieux et source de mépris puisqu’il utilise les dons de la nature pour dévoyer les femmes. Dès ses origines, la galanterie joue donc sur deux tableaux : si elle charme, elle ne séduit que l’esprit et jamais les chairs. La Carte du Tendre de madame de Scudéry, publiée dans Clélie, met ainsi en garde arrogants et passionnés.
Phénomène littéraire et sociétal, la galanterie devient rapidement un thème artistique et pictural qui représente l’ambivalence de l’amour et de la licence. Nombreuses sont les œuvres qui, étudiées de près, témoignent d’un double mouvement entre le désir masculin et la virginité féminine. L’amour érotique se mêle aux élans de l’esprit. Par le divertissement et les réunions enjouées, les artistes plaisent à leurs potentiels clients – Louis XV compris – qui baignent eux-mêmes dans les principes ambigus de la courtoisie et de la licence.
Les inspirations viennent alors des assemblées et conversations flamandes où paysans comme aristocrates s’enivrent, dansent et célèbrent dans la joie les futurs actes charnels. Les chasses et leurs rendez-vous très prisés par la haute société féminine et masculine sont un prélude aux bergers et bergères qui incarnent les pastorales de la première moitié du XVIIIe siècle. Le couple, au XIXe siècle, propose une nouvelle forme de galanterie où la séduction est assumée et revendiquée au même titre que le sacrifice féminin. La galanterie, qui donnait aux femmes le pouvoir de choisir leur destin, les prive désormais de paroles au nom de la morale et de la vertu.
La galanterie, qui trouve ses sources dans tous les plaisirs sensoriels et intellectuels valorisés par la société, s’épanouit donc dans les arts qu’elle vénère.
Autour de l’exposition
- Une visite guidée de l’exposition un mercredi par mois : le 7 décembre, le 11 janvier, le 1er février et le 1er mars. Rendez-vous à 15h au musée de la Vénerie.
- Une conférence spécifique lors des semaines de l’Art au musée d’Art et d’Archéologie les 15 et 16 décembre à 14h30 : « Le XVIIIe siècle à la loupe ».
- Une visite-atelier pour le jeune public au musée d’Art et d’Archéologie le mercredi 15 février à 10h30 (4-7 ans) et 14h30 (8-12 ans), « C’est beau l’amour… »
- Place Notre-Dame60300Senlis03 44 24 86 72
(Sauf le 25 décembre et le 1er janvier)
Tarif réduit : 3,50€