Déployer – Croiser de Marina Vandra et Guilhem Roubichou

Ses compositions stylisées réalisées lors de sa résidence détournaient l’esthétique de la tapisserie en mettant en jeu l’architecture et l’histoire des bâtiments. À Boulogne-sur-Mer, l’ancienne bibliothèque lui a inspiré la découpe de ses dessins ainsi que certains motifs marbrés – que l’on retrouve dans les livres anciens – et sa palette de tons orangés. À Calais, son exposition reprenait les couleurs azur du littoral avec des formes qui évoquaient tantôt la légèreté des nuages et tantôt le camouflage.
Pour Dunkerque, l’artiste réalise un ensemble de tableaux. C’est la première fois, qu’elle adopte le support de la toile sur châssis. La composition imbrique des fenêtres qui se superposent ou se juxtaposent en favorisant les ruptures de plans. L’artiste met l’accent sur l’effet de la série et ses variations, la tension entre le fond et la forme. Les motifs d’intérieurs de livres et d’horizons marins se télescopent ainsi dans de nouveaux paysages abstraits à la fois fragmentaires et ouverts.

Après avoir suivi un cursus en école d’art puis fondé un collectif d’artistes à Bruxelles, Guilhem Roubichou a souhaité relocaliser sa pratique dans le contexte rural de l’Ariège dont il est originaire. Son atelier lui permet de stocker des matières premières glanées alentour. Des résidus d’acier, de pneus ou de plastiques témoignent de la désindustrialisation des villes et de la transformation des paysages agricoles. Déplacés dans l’espace de la galerie, des brise-vues censés protéger les propriétaires des regards indiscrets, mettent en avant les motifs de leur usure. Ferraille et corrosion côtoient des formes vivantes. Lors de sa résidence dans le bassin minier, l’artiste s’est penché sur la production de gravures monumentales, mêlant au geste brutal de l’acide projeté, la finesse de figures ciselées.
À Dunkerque, Guilhem Roubichou a réuni d’autres œuvres, des assemblages fragiles qui soulignent le geste artistique en rappelant, dans le même temps, les processus anthropiques qui transforment notre environnement. Attaché à la dimension picturale, l’artiste s’est aussi concentré sur des sens minorés comme l’odorat, mêlant avec audace les senteurs de jerricane et de plage.

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ARCHIPEL est un programme de résidences destiné à des artistes émergents, qui relie quatre écoles d’art de pratique amateur des Hauts-de-France : Le Concept – École d’art du Calaisis, EMA / École Municipale d’Art de Boulogne-sur-Mer, École d’Arts Plastiques de Denain – Espace VillAr(t)s et Centre d’Arts Plastiques et Visuels de Lille.