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La Nef des fous, objets compagnons des transports

Art contemporain, Design
Exposition temporaire
02 avril 2022
Dunkerque

VERNISSAGE LE SAMEDI 2 AVRIL, 15H30

Fiction de pêche miraculeuse sur le septième continent, « La Nef des fous » rassemble de curieux objets de la collection du Design Museum Gent ainsi qu’une sélection de films et pièces musicales d’artistes. 
L’exposition porte sur la folie des transports, sur l’évolution des déplacements d’objets, de matériaux et d’individus des années 1950 à nos jours. Écho contemporain à l’œuvre de Jérôme Bosch, tableau réalisé à la fin du Moyen-Âge, l’exposition « La Nef des fous » du Frac Grand Large dépeint la possible fin des sociétés d’opulence matérielle. Sacrifice ou sauvetage ?

LE TRANSPORT : PERTE DE SENS ET DE QUÊTE VITALE 
Faisons l’hypothèse d’une folie propre aux humains : le désir des transports.

Reconnaissons la charge frénétique de l’exotisme, des week-ends, des voyages, d’objets d’exportation, du rythme effréné de nos journées, de la sacralisation des voitures, des avions, des fusées.

À l’origine du terme, le transport constituait la manifestation d’une vive émotion. Le transport amou-reux de la littérature du Moyen-Âge fait appel à la puissance des désirs de l’amour courtois, au magnétisme des muses et des troubadours, aux sentiments passionnés, moteurs de grandes traversées. Plus tard, vers 1650, le transport de cerveau décrit l’hystérie et l’égarement causés par les fièvres. Le transport incarne un état bouleversé de l’être, au-delà même du déplacement. Raréfaction des carburants, migrations massives, épidémies, fermetures des frontières : c’est bien à une crise du déplacement à laquelle nous faisons face. Nos besoins de transports doivent-ils être mis en question ? Les passagers du tableau La Nef des fous mangent, jouent et chantent ; un malaise se dégage de leur transe. Au fil des siècles, l’histoire de cette embarcation de fortune reste à la fois le signe du sens perdu et de nouvelles quêtes vitales.

LA COLLECTION DU DESIGN MUSEUM GENT
Les objets de la collection du Design Museum Gent incarnent autant des transports concrets, déplacement d’un point à un autre, que des perspectives de transformation, de transition et de traduction, des passages d’un état à un autre.

Un entonnoir mickey, un paravent de miroir, un toaster chromé, des horloges et un réveil-matin de voyage, un centre de table issu de la tradition du navire d’argent, une collection de boites de conservation, des cuillères, des louches et des couteaux, une baignoire, un poste de radio, un poste de TV, deux lampes de chevet enchâssées d’ailes d’oiseaux, un porte préservatif en argent, des cravates aux motifs de virus et d’explosions, une prothèse orthopédique, un verre en plastique pour bébé, une flasque isotherme couverte de fourrure synthétique… 

Les objets de la collection ont été sélectionnés pour leur fonctions narratives et sémiotiques – objets comme signes – et non pour leur style. Ils présentent des usages et laissent transparaître l’obsolescence, l’absurdité, la désuétude, l’humour, le kitsch, l’énergie et l’imaginaire des moeurs de la seconde partie du vingtième siècle. Une fois confrontées, leurs esthétiques éclectiques rendent compte de la complexité de nos rapports à la matérialité et ses conséquences contingentes sur les sociétés humaines. Pièces rares et précieuses de la collection et sans pour autant de valeur spéculative, peu montrées dans les musées, ces objets comportent chacun leurs raisons d’être ainsi. Leur beauté réside dans ce qui a constitué la nécessité de leur créateur.trice.s ou usager.ère.s, à un moment donné.

LA FIN DU MOYEN-ÂGE SELON BOSCH ET BRANDT
Les objets de la collection du Design Museum Gent incarnent autant des transports concrets, déplacement d’un point à un autre, que des perspectives de transformation, de transition et de traduction, des passages d’un état à un autre.

Un entonnoir mickey, un paravent de miroir, un toaster chromé, des horloges et un réveil-matin de voyage, un centre de table issu de la tradition du navire d’argent, une collection de boites de conservation, des cuillères, des louches et des couteaux, une baignoire, un poste de radio, un poste de TV, deux lampes de chevet enchâssées d’ailes d’oiseaux, un porte préservatif en argent, des cravates aux motifs de virus et d’explosions, une prothèse orthopédique, un verre en plastique pour bébé, une flasque isotherme couverte de fourrure synthétique… 

Les objets de la collection ont été sélectionnés pour leur fonctions narratives et sémiotiques – objets comme signes – et non pour leur style. Ils présentent des usages et laissent transparaître l’obsolescence, l’absurdité, la désuétude, l’humour, le kitsch, l’énergie et l’imaginaire des moeurs de la seconde partie du vingtième siècle. Une fois confrontées, leurs esthétiques éclectiques rendent compte de la complexité de nos rapports à la matérialité et ses conséquences contingentes sur les sociétés humaines. Pièces rares et précieuses de la collection et sans pour autant de valeur spéculative, peu montrées dans les musées, ces objets comportent chacun leurs raisons d’être ainsi. Leur beauté réside dans ce qui a constitué la nécessité de leur créateur.trice.s ou usager.ère.s, à un moment donné.

UNE SÉLECTION DE FILMS ET D'IMAGES D'ARTISTES
Plusieurs œuvres d’artistes accompagnent et mettent en tension la collection de design. 
It did not happened with us, yet. Safe Haven est un film du collectif d’artistes et d’activistes russes Chto Delat. L’action se déroule sur une île de Norvège identifiée dans un réseau politique comme « havre de paix » pour les artistes dont la vie et la liberté d’expression sont en danger. Dans cette fiction inspirée du réel, un poète, une artiste, une curatrice, un philosophe et activiste débarquent sur la petite île de Sula pour une résidence de création. Les habitant.e.s soutiennent l’accueil d’artistes sur leur île tout en ayant bien conscience de la difficulté de créer quand le voyage a le goût de l’exil ; iels en expliquent les raisons face caméra. Les protagonistes décrivent leur situation politique, confient leurs pensées et réalisent des gestes abstraits sur fond d’horizon. Au pied d’un phare, un jour de brume, il est question du retour; l’un.e après l’autre, iels entonnent : « reste au loin », « reste là-bas ».

Cette vidéo fait écho à trois autres films et à une pièce audio, qui, chacune par leur singularité esthétique, abordent les imaginaires et les spéculations qu’augurent le déplacement des humains et des objets à travers le monde. L’installation de l’artiste Amie Siegel comporte trois éléments dont un film intitulé Provenance qui nous fait voyager de l’Inde en Europe suivant l’achat, l’exportation, la rénovation et la mise en vente d’un fauteuil de Le Corbusier acheté dans les bureaux de l’université de Chandigarh qu’il a lui-même dessiné, et revendu aux enchères comme une pièce de collection dans une salle des ventes réputées de Londres. La lente traversée du fauteuil s’avère inversement proportionnelle à la hausse de sa valeur. 

D’une toute autre manière, le film Sea Chair du Studio Swine présente la mise en forme et de la valorisation d’éléments matériels ; il y est question de déchets récupérés en mer transformés en objets de musée. Une approche du design plus narrative que formaliste, ce film retrace le processus de réalisation manuelle de tabourets en plastique fondu, pièces uniques fabriquées au grès des pêches et récoltes de détritus, en mer ou sur la plage.

Salt in the veins de la réalisatrice italienne Vittoria Soddu documente une activité créative pratiquée par les membres d’une chorale anglaise : l’interprétation de chants de marins traditionnels de différentes époques. Même sorti de son contexte réel des ponts et des ports, cet héritage culturel conserve désormais sa grande puissance évocatrice pour qui le rend à nouveau vivant. Le film se déroule au fil des chansons et de leur mise en scène; de l’harmonie à la transe collective, l’artiste restitue la nécessité ancestrale de chanter à plusieurs contre les vents et les marées.

Blanche Endive a été écrit par le compositeur et chef d’orchestre Gabriel Mattei à partir d’un livret de l’artiste Grégoire Motte. Reprenant des thèmes centraux à l’imaginaire de Motte, la composition s’articule autour de quatre histoires entremêlées : l’invention des bas en chicorée (1942), l’histoire du troubadour Jaufré Rudel et de la Princesse lointaine, la transformation des bas de nylon en parachutes et le moulage raté d’une jambe de Miss Valenciennois. Ce drame lyrique en actes actes, interprété par des enfants de l’école de musique de Lille Centre nous guide en voyage jusqu’à Antioche et nous ramène finalement sur une plage de Calais.

La photographie d’Allan Sekula Ship of Fools Churn, issue de la collection du Frac Grand Large, ainsi que Quand Jim monte à Paris de matali crasset et le sac Spar de PANAMARENKO font également partie de l’ensemble.

La pièce historique Provisoire et définitif de Maurizio Nannucci créée en 1996 pour l’inauguration de l’ancien bâtiment du Frac à Rosendaël, lors de son déménagement à Dunkerque, fait également partie de l’exposition dans un format hors les murs car elle est installée sur la façade d’un immeuble au centre du quartier Degroote, commune de Téteghem-Coudekerque-Village, quartier en renouvellement urbain. Ces deux termes, que l’artiste avait utilisé pour nommer l’une de ces expositions monographiques à Nice en 1992, atteste d’une dualité présente en tout acte de création artistique : l’œuvre disparaitra de toute façon et pourtant, du fait de son existence matérielle, elle perdura par l’incidence qu’elle a portée sur son environnement. Cette réflexion proposée par Nannucci s’applique-t-elle aux objets de design et aux architectures ?

LE DESIGN MUSEUM GENT
À partir de mars 2022, Design Museum Gent fermera ses portes pendant deux ans pour la réalisation de la nouvelle aile DING. Pendant ces rénovations, le musée programmera un « extra-muros » durable et ciblé.  

« La Nef des fous » est le premier projet après la fermeture dans lequel un grand nombre d’objets plutôt atypiques de la collection seront exposés dans le Frac Grand Large . 

Après la collaboration avec lille3000 pour « Colors. Etc. (19.05-14.11.2021) qui a attiré 100.000 visiteurs, l’échange et la connaissance du Design Museum Gent et de sa collection dans le Nord de la France seront ainsi renforcés.

Une exposition de la curatrice Mathilde Sauzet avec la collaboration du designer Julien Carretero, en partenariat avec le Design Museum Gent
Exposition labellisée Biennale Internationale de Design Saint-Étienne

En savoir plus
Vue de l’exposition « La Nef des fous », 2022, Frac Grand Large — Hauts-de-France © Photo : Aurélien Mole
  • 503 rue des bancs de Flandres
    59140
    Dunkerque
    0328658420
    0328636339
Mercredi-vendredi : 14h-18h
Week-end (oct.-mars) : 10h-18h
Week-end (avr.-sept.) : 11h-19h
4 € / 2 € / 0 €
Gratuit tous les dimanches

Pour tout commentaire ou demande de renseignements, contactez directement le musée .

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