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Décor mural (fragments et restitution)

Anonyme
Troisième quart du Ier siècle après J.-C.
Enduit peint
H. 3,48 m ; L. 6,59 m
Inv. 93.11.60
Provenance : Soissons, rue Paul Deviolaine, habitat, D. Defente et D. Roussel, 1982-1992
Soissons
Décor mural (fragments et restitution)
© Michel Minetto © Musée de Soissons

Il s'agit d'une des peintures ayant orné une riche demeure du chef-lieu de cité des Suessions (Augusta Suessionnum) Soissons Une vingtaine d'ensembles différents ont été récupérés dans un même quartier d'habitations ; ils avaient été réalisés au cours du Ier siècle de notre ère, soit simultanément dans les différentes pièces des maisons, soit successivement lors des réaménagements partiels des locaux. Ils constituent par conséquent un précieux échantillonnage des décors en usage dans un laps de temps assez bref et au cœur d'un même contexte urbain. Les fragments de cette peinture murale présentés ici gisaient dans la tranchée de démolition du mur d'une grande salle, dite salle XIII. La partie basse, où figurent des compartiments d'imitations de marbre, est rythmée par la représentation de soubassements architectoniques. La partie médiane est constituée de grands panneaux rouge ocre et d'inter-panneaux à fond noir ornés d'un motif de candélabres. On remarque la succession des bandes colorées (bleue, noire, rouge) en séparation verticale : cet enrichissement inhabituel est une caractéristique des productions de l'atelier qui a œuvré dans ce quartier.

Les candélabres prennent ici la forme de deux ou quatre lignes métalliques entrecroisées.

Des tigelles s'en écartent symétriquement, portant figures ou objets faisant allusion à des thèmes mythologiques fameux, en l'occurrence aux légendes de Jason et de Persée : bélier, casque ailé, tête de Méduse – et l'on peut y voir sans doute le rôle apotropaïque des attributs habituels aux héros vainqueurs. Le jaune évoquant le métal doré, joint aux teintes naturalistes des objets annexes, se détachait sur le fond noir en un heureux contraste. Le décor se termine par un entablement peint avec des consoles soutenues par des sphinges schématisées, aux ailes ouvertes. On trouve souvent la zone supérieure de la paroi, très riche en Italie, réduite par les décorateurs gallo-romains, comme ici, à une simple bande de couronnement. La vue en perspective des piédestaux et de l'entablement donne un effet de profondeur et fait reculer le mur opaque en second plan, rappelant le goût des romains pour l'illusionnisme.

Bibliographie :
D. Defente, "Nouvelles trouvailles au château d'albâtre à Soissons", Internationales Colloquium zur römischen Wandmalerei, Köln, 20-23 sept. 1989. (Kölner Jahrbuch für vor-und Frühgeschichte 24), 1991, 9-1253
Catalogue exposition, La marque de Rome, musée de Picardie, 2004, p.140-141

Claudine Allag
CNRS
Avec le concours du service éducatif du musée de Soissons

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Décor mural (fragments et restitution)
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